[proposition] BG sombres

Invité Mar 8 Jan - 0:46

(HRP) bande son ! merci bubulle ^^ : http://www.radioblogclub.fr/open/107097/lord_of_war/Lord%20Of%20War%20-%20OST_piste%201 (HRP)

Le crépuscule engloutissait lentement la contrée silencieuse, à la croisée des terres Elfiques et du territoire sombre. A l' ombre d' un piton rocheux, caché à la vue des sentinelles, de brefs tintements déchirèrent le calme ambiant. La rivière toute proche accueillit en son sein l' épée du vaincu, avant que le silence glacé de la lande ne reprenne ses droits.

Ylssnith Toisait son agresseur. Les attaques isolées n' étaient pas si rares, surtout dans les endroits reculés comme celui-ci. L' Elfe gisait dans son sang, adossé à la roche, ses yeux étaient à moitié clos, il n' en avait plus pour longtemps. Le sombre grimaça, avant de tomber littéralement à genoux, plié de douleur. La tension du combat était redescendue, ses nombreuses blessures se firent sentir, telles mille couteaux transperçant sa chair.
Si aucun organe vital n' était touché, il se viderait de son sang avant de pouvoir atteindre les premières sentinelles d' Elimshae ou même Gludio.

" Quel âge as-tu, pâle ? "

Une question probablement futile, mais un sentiment inexplicable le poussait à parler au mourant, qu' il haïssait de tout son être.
L' elfe entrouvrit un œil, il semblait conscient, le poison paralysant devait inhiber sa douleur, lui permettant quelque sursaut de lucidité avant une mort brutale.

" Cent-douze années sylvaines valent toujours plus qu' un millénaire sombre "

Il voulait l' achever, mettre fin au sourire méprisant que le pâle avait eu la force de former. Mais un ultime but le poussait à parler plus avant avec cet ennemi, cet ancien frère, devenu un cousin honni.

L' histoire des sombres, de mon peuple, ne débute pas lors de la guerre, ni lors de notre apprentissage de la magie noire, ni même lorsque Shilen pardonna les errances du passé. Notre histoire commence après une retraite honteuse. Sous-estimer les humains, les mépriser ouvertement nous coûta la maîtrise de tout le continent sud. Nous fûmes forcés de regagner nos forêts, forcés de reculer devant une armée de rebuts ne nous surpassant que par ses effectifs.
Protégés par la magie que nous utilisions alors, nous nous préparâmes à une juste revanche. Nous observions les descendants des traîtres s' organiser en Empire de paille, attendant notre heure. Nous formions une puissante tribu Elfique, les elfes bruns.
Cependant, les dissensions avec les elfes Sylvains, tes ancêtres, se firent de plus en plus prononcées. Nous désirions rendre au peuple Elfe sa grandeur passée, reprenant ce qui lui était dû. Nos frères sylvains ne l' entendirent pas de cette oreille, et préférèrent oublier l' affront dont notre race avait été la victime, se cachant les yeux pour ne voir que l' honneur bancal et la sagesse dont ils se réclamaient, une sagesse qui n' était qu' un élégant masque à leur faiblesse d' Esprit.

Un humain se présenta à nous, Dasparion. Il nous proposa un marché, se présentant comme un arcaniste détaché de l' Empire d' Elmoreden. Sa requête nous offensa de prime abord, mais nous acceptâmes le marché qu' il nous proposait. Une longévité séculaire pour un humain, en échange d' une puissance supplémentaire pour un peuple, un marché qui nous sembla justifié, à raison.
Seulement, nos frères n' acceptèrent pas notre choix. Après avoir admis leur faiblesse, leur incapacité à l' encontre des humains, ils nous chassèrent, préférant considérer les connaissances que nous avions acquises comme une souillure. Une guerre s' ensuivit, nous pûmes mettre nos pouvoirs fraîchement acquis en pratique, causant de terribles ravages parmi les rangs de nos anciens frères. Toutefois, Tes ancêtres ne nous considéraient déjà plus comme leurs semblables, et décidèrent de nous en faire payer le prix. Une malédiction s' abattit sur nous, faisant pourrir nos bois, rendant notre terre stérile. Eva, ainsi que les Sylvains, nous avaient définitivement déchus, du moins le pensaient-ils.

Ceux d' entre nous qui s' étaient tournés vers Gran Kain furent assaillis par le doute. Nous utilisions sa magie, certes, mais daignait-il seulement prêter attention aux sombres ? L' effervescence de la guerre s' était estompée, et notre peuple naissant se plongea dans la réflexion, une réflexion centrée sur son identité même.
De vieilles plaies se rouvrirent, d' anciens écrits, rescapés de réformes millénaires, furent étudiés, nous étions libres de nous pencher sur une histoire que les sylvains oublient trop souvent.
Eva Etait-elle seulement notre créatrice ? La vérité nous apparut, à mesure que nos mémoires fuyaient l' étau castrateur de nos anciennes obédiences. Nous étions les fils de la déchue, sans le savoir, nous avions reproduit à moindre échelle le parcours de celle qui fut rejetée par les siens, notre mère à tous, y compris la tienne, pauvre naïf…
Ainsi, nous commençâmes à vénérer Shilen, mère des elfes, déesse des sombres et de la mort.

La guerre contre nos cousins, ton peuple, ne s' était pas arrêtée, quand bien même le conflit n' était plus ouvert comme aux premiers jours. Les combats devinrent plus rares, mais ne cessèrent jamais, animés par une haine sans bornes.
Puis vint l' éclatement. Les humains avaient toujours eu besoin d' un chef assez puissant pour les maintenir unis. Leur pouvoir fut décapité par une obscure malédiction, avant de se morceler. Notre heure était venue, nous nous préparâmes minutieusement à savourer une revanche incomplète, mais réelle.
Gludio, ainsi que Gludin, furent facilement conquises, nous ne fûmes repoussés qu' à Dion. Nous avons étendu notre influence sur un vaste territoire, profitant de la faiblesse de nos ennemis, de leur désunion.

Votre prétendue prise de pouvoir à Heine n' a trompé personne en Elimshae, vous êtes et resterez les faibles que vous êtes devenus il y a déjà fort longtemps de cela. Nous, sombres, sommes les plus dignes de notre essence originelle, aussi aberrant que cela puisse vous paraître.
Vous qualifiez de traîtres et de corrompus ceux qui vénèrent leur véritable créatrice, et agissent en accord avec l' estime qu' ils se portent. Qui sont les traîtres dans l' histoire ? qui sont les souillés ? Dis le moi, Jeune Elfe.

Ylssnith s' efforçait de rester debout, face au vaincu, le toisant de toute sa hauteur, malgré ses nombreuses blessures. Le corps de son adversaire mourrait, puisse-t-il connaître les affres du doute lors de son départ, puisse son âme être elle aussi affectée.
L' elfe avait fermé les yeux, ses lèvres remuèrent, un murmure s' en échappa :

" Votre colère vous a aveuglé, maudit. Ton monologue est plus illustratif que n' importe quel livre d' histoire. "

Ylssnith eut un bref sourire, on ne brisait pas des décennies d' apprentissage en quelques minutes. Dans un dernier effort, il planta sa dague dans le cœur de l' agonisant, d' un geste vif et précis.

Le sombre se releva, sa dague à la main. Il se dirigea vers le chemin, vers le pont menant aux terres sombres, sur lequel se trouvaient les premières sentinelles. Il approchait de ses Sept-cent ans, il se souvint de sa jeunesse d' elfe brun, des bois verdoyants entourant le village, de la souffrance, et de la rédemption des siens…
Il s' effondra, à bout de forces, pensant à Shilen. Le crépuscule devint nuit, le froid devint éther…